
Depuis quelques temps et jusqu’à aujourd’hui en France, lorsque vous faites des compétitions officielles ou amicales dans les disciplines de parcours, vous entendez fréquemment les archers répliquer que » le tir instinctif n’existe pas! ».
Quand cela tombe dans les oreilles de quelqu’un qui a la méthode et la pratique régulière du tir instinctif, le besoin d’expliquer s’impose.
Le problème souvent réside dans le mot « instinctif » qui veut dire: innée, sans aucune expérience préalable, sans avoir jamais vu ni entendu, et hop! – c’est tout de suite parfait et cela la reste! En réalité ce n’est pas comme ça du tout.
C’est un observateur qui juge de cette façon l’apparence désinvolte que l’archer « instinctif » a à tirer et réussir son tir dès la première (pour ce même observateur) flèche. La vérité, c’est que son tir recèle un travail sur soi-même de longue alêne avec l’expérience des dizaines de milliers de flèches tirées dans des circonstances et configurations différentes ! Un long entraînement pendant des années. Il en résulte, que cela paraît miraculeux!
Donc, le terme » instinctif » dans notre cas est un abus de language, rien de plus, mais, sans pousser la polémique plus loin sur le vrai sens de ce mot, ce terme pour la discipline du tir est entré dans l’usage courant dans le Monde entier, il est en train de devenir une dénomination officielle! Ce n’est pas du tout une définition de la façon de tirer!
Admettons maintenant le terme « tir à l’arc Instinctif », ou en raccourcissant – « tir instinctif », comme une des nombreuses disciplines en tir à l’arc avec son nom propre et allons voir du côté de l’histoire.
Avant le début du XX siècle, tous les peuples du Monde pratiquaient chacun leur tir à l’arc traditionnellement depuis l’époque préhistorique et cela s’appelait » Le Tir à l’Arc ». Depuis les années 1920-30, lors du développement du tir à l’arc comme sport, les branches de disciplines en archerie se sont développées et il leurs fallait trouver des noms. Le tir à l’arc » Sportif » par opposition au « Traditionnel » ou « de Chasse », le tir « Olympique », dérivés des jeux anciens – tir « Beursau » ou « à l’Oiseau », « l’Arc Trappe », e.t.c. Mais comment alors appeler le tir d’avant?
L’histoire de l’archerie moderne laisse supposer que les premiers à trouver le nom « instinctif » et à développer une méthode associée sons les américains du nord sans que ce soit clairement stipulé dans les écrits, et que cela date des années 30 du XX siècle. La référence en la matière aux US est l’énorme travail de G.Fred Asbell. Son bi-tome « Le tir instinctif 1 » et « Le tir instinctif 2 » est un chef d’œuvre méthodique.
Le grand théoricien français de référence et le plus connu est Jean-Marie Coche. Il a développé sa méthode de ce qu’il a appelé « Le tir Instinctif Souple », qui semble être dérivée de la méthode américaine et présentée à la manière de son auteur. Là non-plus, on ne peut pas utiliser le mot « instinctif », comme définition.
D’autres tentent de monter leurs méthodes à eux qu’ils déduisent de leurs expériences et rencontres sportives.
Ces méthodes existent. Elles ont été écrites, nommées, pratiquées et enseignées depuis des dizaines d’années. Pourquoi maintenant contester leurs appellations ? D’ailleurs, en Russie on appelle ce tir « Intuitif », et alors?
Polémiquer sur le terme du « tir instinctif » n’apparaît donc pas pourvu de sens ni constructif. Il faudrait mieux discerner les détails du contenu des méthodes et les adopter ou pas en fonction de son goût ou de ses besoins.
Andrei Kleimenov
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